L’industrie du vélo électrique en France est secouée par la faillite d’Angell Bikes, la startup fondée par Marc Simoncini. L’annonce officielle met un terme à une aventure qui visait à révolutionner la mobilité urbaine. Ce désastre trouve son origine dans un rappel massif des premiers modèles de vélos Angell, provoqué par un grave défaut de fabrication du cadre.
Aujourd’hui, la situation s’envenime en un conflit juridique entre Angell, SEB et KickMaker, ses anciens partenaires industriels.
L’affaire en bref :
- Angell Bikes fait faillite suite à un rappel de 5 000 vélos défectueux.
- Un problème de collage du cadre a été détecté, compromettant la sécurité des usagers.
- SEB (fabrication) et KickMaker (ingénierie) nient toute responsabilité.
- Angell accuse ses partenaires et engage une action en justice.
- Les clients se retrouvent sans support, avec des vélos potentiellement dangereux.
Une ascension prometteuse d’Angell Bikes stoppée net
Fondée en 2018, Angell Bikes avait suscité de grandes attentes. Soutenue par des investisseurs de renom, dont SEB et CMA-CGM, la startup proposait des vélos électriques haut de gamme, connectés et au design innovant. Dès son lancement en 2020, la marque s’est distinguée par son ambition de redéfinir la mobilité urbaine.
Cependant, dès les premières livraisons, les utilisateurs ont relevé plusieurs problèmes : une batterie amovible obligatoire pour allumer le vélo, l’absence de béquille, une interface tactile perfectible, et des accessoires de base en option. Ces critiques, combinées aux difficultés de fabrication, ont fini par fragiliser l’entreprise.
Un rappel qui tourne au cauchemar financier
Le coup fatal est survenu en novembre 2024 lorsqu’un cadre de vélo Angell de première génération a cédé. Heureusement, l’incident n’a causé aucun blessé, mais il a révélé un défaut structurel lié au collage du cadre, affectant jusqu’à 5 000 unités. Devant la gravité de la situation, Angell a immédiatement rappelé les modèles concernés et demandé à ses clients de cesser de les utiliser.
Mais au lieu d’une solution rapide, l’affaire s’est transformée en véritable fiasco industriel et financier. SEB, chargé de la production des cadres, et KickMaker, responsable du processus de collage, ont nié toute responsabilité. Ils n’ont ni reconnu l’incident comme un problème industriel, ni fourni de preuve de leur assurance pour couvrir les dégâts.
Angell était alors face à un dilemme insurmontable : remplacer tous les vélos défectueux pour 5 millions d’euros ou rembourser les clients pour un montant total de 13 millions d’euros. Sans réserves financières suffisantes, l’entreprise a été contrainte de se déclarer en faillite.
Des milliers de clients abandonnés par Angell Bikes
Les possesseurs de vélos Angell ayant dépensé près de 2 860 euros se retrouvent aujourd’hui sans solution claire. Les modèles de première génération présentent un risque sécuritaire, et sans l’existence d’Angell, aucun recours ne semble possible.
Les modèles plus récents, comme le Core et le Rapide+, ne sont pas concernés par le défaut de cadre, mais dépendent toujours des serveurs Angell pour leurs fonctionnalités connectées. Une fois ces serveurs désactivés, leurs performances pourraient être grandement réduites.
Un combat judiciaire en perspective
Marc Simoncini, fondateur d’Angell et ex-créateur de Meetic, ne compte pas en rester là. Il a annoncé son intention d’engager des poursuites contre SEB et KickMaker pour faire établir les responsabilités. « Nous ferons tout notre possible pour que nos clients obtiennent la meilleure solution possible », a-t-il déclaré.
Cependant, certains clients demandent à Simoncini d’injecter une partie de sa fortune personnelle pour tenter de sauver la marque. Face à une bataille juridique incertaine et une entreprise en faillite, la priorité semble toutefois être ailleurs.
Angell Bikes, un succès manqué ?
L’affaire Angell soulève de nombreuses interrogations sur la précipitation des startups technologiques à lancer des produits sans validation industrielle suffisante. La volonté d’innover à tout prix et de proposer un vélo électrique ultra-connecté semble avoir éclipsé les fondamentaux de fiabilité et de robustesse.
Ce naufrage rappelle celui de VanMoof, autre marque de vélos électriques connectés, qui a également connu des difficultés techniques et financières ayant conduit à sa chute.
