Quand un géant du vélo change de braquet, tout l’écosystème retient son souffle. Accell va fermer son usine historique d’Heerenveen. La production file vers la Hongrie, tandis que le site néerlandais devient un hub d’innovation. Et pour le coup, on vous explique tout : le pourquoi, le comment, et ce que ça change pour nous, cyclistes !

L’essentiel à retenir
- Fermeture de l’usine d’Heerenveen d’ici fin T1 2026, transfert progressif dès septembre 2025.
- Production centralisée à Tószeg (Hongrie), avec un site satellite d’assemblage final à Dijon (France).
- Environ 160 postes supprimés aux Pays-Bas ; un hub de design/ingénierie maintient ~100 emplois.
- Contexte : chiffre d’affaires 2024 en baisse de 22% (1,294 Md€ → 1,003 Md€), plan « One Accell » et rationalisation massive (85 entrepôts → 28, objectif 5).
Heerenveen : ce qui change concrètement
Au premier regard, l’annonce peut surprendre : fermer un site actif depuis plus d’un siècle, c’est un symbole. Dans les faits, Accell Group (Koga, Sparta, Batavus, Lapierre, Winora, Haibike, Raleigh…) recentre la fabrication là où elle est la plus efficace.
Calendrier : de septembre 2025 à mars 2026
Le transfert de production démarre dès septembre 2025. La fermeture de l’usine d’Heerenveen est visée fin du premier trimestre 2026. Entre-temps, les lignes basculent par vagues vers la Hongrie.
Aujourd’hui, le site néerlandais représenterait encore près de 20% des volumes du groupe. Ces volumes migrent vers Tószeg, déjà montée en puissance depuis 2024 avec l’assemblage des modèles standard.
Production centralisée en Hongrie, Dijon en appui
Le cœur industriel se fixe donc à Tószeg (Hongrie). Dijon reste un site d’assemblage final (notamment pour Lapierre musculaire), un chaînon utile pour la réactivité en Europe de l’Ouest. Pour faire simple : fabrication et grandes séries à l’Est, finitions et proximité marché à l’Ouest.
Pourquoi Accell va fermer son usine : la logique derrière « One Accell »
On se rappelle des années récentes : pénuries, puis surstocks, puis remises massives. Ce yo-yo a abîmé les marges. Accell parle d’un modèle « One Accell » : moins de sites, plus d’intégration, et des standards qualité unifiés. Pour replacer ce virage dans son contexte financier, lisez notre analyse : Nouveau départ sous surveillance pour Accell Group après sa recapitalisation.
« Consolider notre production va nous permettre d’améliorer significativement notre efficacité et de nous concentrer sur la qualité, la productivité et l’innovation, plutôt que de gérer plusieurs sites sous-utilisés soumis à une forte pression internationale sur les coûts », explique Jonas Nilsson, CEO d’Accell.
Concrètement, le groupe a déjà vendu son usine en Turquie, fermé l’usine Ghost en Allemagne, réorganisé Babboe et réduit les effectifs chez Raleigh au Royaume-Uni. Côté supply chain, les entrepôts passent de 85 à 28 avec un objectif à 5. L’idée : simplifier, accélérer, baisser les coûts fixes, et, espérons-le, remettre de la lisibilité produit.
À Heerenveen, la page industrielle se tourne… mais pas l’histoire. Le site devient un hub stratégique : design, ingénierie, fonctions support. Environ 100 collaborateurs (principalement des ingénieurs) y porteront la R&D pour l’ensemble des marques.
Emplois, marques et qualité — les questions clés
Évidemment, l’impact humain nous taraude. Environ 160 postes sont supprimés. La procédure suit le cadre néerlandais : avis du Works Council et plan social annoncé pour accompagner les salariés.
Côté produits, que se passe-t-il ? Les vélos cargo Babboe/Carqon et les hauts de gamme Koga — historiquement associés à Heerenveen — entrent dans le périmètre de transfert, avec la promesse de standards qualité consolidés en Hongrie. Est-ce que la qualité suivra ? La question est légitime. Accell mise sur des procédés harmonisés, un contrôle qualité unique et des flux logistiques plus courts entre fournisseurs et usine.
Et les marques françaises et allemandes dans tout ça ? Lapierre (avec Dijon en soutien), Winora et Haibike restent au cœur de la feuille de route, avec un recentrage sur les plateformes techniques communes. Pour le coup, on attend surtout des gammes 2026 plus lisibles (moteurs, batteries, nomenclatures).
Conséquences marché : surcapacité VAE et guerre des prix
Le timing n’est pas un hasard. Le VAE traverse une phase de surcapacité. Les remises à -20, -30% (voire plus) ont tiré les prix vers le bas. Accell n’est pas la seule à souffrir, mais c’est l’un des acteurs qui bougent le plus vite. (voir nos données sur les importations de vélo électrique en chute au second trimestre 2025).
Pour les revendeurs, ça donne quoi ? Potentiellement des délais plus stables et des lancements produits mieux cadencés. Pour les cyclistes, on peut espérer des prix plus lisibles et moins de montagnes russes promotionnelles. Par contre, à court terme, la transition industrielle peut générer des ruptures ponctuelles sur certains modèles.
Accell va fermer son usine : et maintenant ?
Accell change de braquet pour rester dans le peloton de tête : fermer l’usine d’Heerenveen et centraliser en Hongrie est un pari d’efficacité. Sera-t-il payant face à la concurrence asiatique et à un marché VAE chahuté ? Nous suivrons les étapes clés et les premiers modèles « post-Heerenveen ».
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