La nouvelle réglementation européenne sur les batteries s’apprête à transformer en profondeur le marché du vélo électrique. Pourtant, selon plusieurs observateurs, une grande partie du secteur n’est pas encore prête. Entre le droit à la réparation, la traçabilité des composants et la responsabilité des fabricants, les changements à venir s’annoncent majeurs.

L’essentiel de l’article :
- Les fabricants devront concevoir des batteries plus facilement réparables et recyclables.
- Les cellules d’une batterie de vélo électrique devront être remplaçables d’ici 2027.
- Le droit à la réparation s’appliquera aussi aux batteries, même hors garantie.
- Les fabricants devront garantir la disponibilité des pièces pendant au moins cinq ans.
Une industrie encore peu préparée
Prins Doornekamp, fondateur de NOWOS, constate une méconnaissance généralisée dans le secteur. Lorsqu’il a acheté son premier vélo électrique, son revendeur lui a proposé une réparation maison de la batterie. Une démarche bien intentionnée, mais risquée. Selon lui, beaucoup de détaillants et fabricants ignorent encore les exigences techniques de la directive 2023/1542, qui impose des matériaux plus durables et des procédures strictes de réparation et de recyclage.
Cette situation illustre un manque d’anticipation plus global dans la filière. Sur Meilleur Vélo Électrique, nous évoquions déjà cette inquiétude dans un précédent article consacré aux nouvelles règles européennes sur les batteries. Nous y soulignions que les marques et les revendeurs de vélos électriques semblaient encore sous-estimer la portée de ces changements.
L’économie circulaire comme moteur de rentabilité
Fondée en 2020, NOWOS mise sur un modèle circulaire basé sur la réparation, la réutilisation et le recyclage. Pendant la pandémie, l’entreprise a délaissé la collecte simple pour se concentrer sur la remise en état des batteries, prolongeant ainsi leur durée de vie. Une batterie réparée coûte de 40 à 50 % du prix d’une neuve. Pour un fabricant, cela revient à pouvoir réparer deux fois avant d’atteindre le coût d’un remplacement complet.
Avec 538 000 kg de batteries traitées en 2024 et un taux de recyclage de 98 %, NOWOS prouve qu’un modèle durable peut être rentable. Cette logique rejoint d’autres innovations destinées à rendre l’usage du vélo électrique plus pratique et durable. Parmi elles, la recharge sans fil, que nous avions présentée dans notre article sur Tiler et son système de recharge sans fil pour vélo électrique, illustre bien la tendance vers une mobilité plus fluide et moins dépendante des pièces physiques.
Ce que les nouvelles lois vont imposer aux fabricants
D’ici février 2027, les fabricants devront rendre les batteries de vélos électriques plus faciles à réparer. Les cellules devront :
- être remplaçables,
- les pièces de rechange disponibles pendant au moins cinq ans
- les logiciels internes ne devront pas empêcher une réparation professionnelle.
Les données techniques et les outils spécifiques devront aussi être accessibles aux réparateurs agréés.
Autre innovation clé : le passeport batterie. Ce document numérique, propre à chaque batterie, indiquera sa composition, son origine et son historique. Objectif affiché : plus de transparence et une meilleure traçabilité. En effet, beaucoup de batteries actuelles sont difficiles à diagnostiquer ou à ouvrir. Ce qui complique les réparations et augmente les coûts pour les utilisateurs.
Le droit à la réparation : un tournant pour les consommateurs
Dès juillet 2026, les fabricants devront proposer une option de réparation même après expiration de la garantie, si le consommateur en fait la demande. Cette mesure s’inscrit dans le droit à la réparation européen, destiné à prolonger la durée de vie des produits et à limiter les déchets électroniques. Elle pourrait toutefois bousculer le modèle économique des revendeurs.
Ceci est une excellente une opportunité : un client dont on répare la batterie à prix raisonnable revient plus volontiers, renforçant la fidélité et la confiance à long terme. Ce changement de paradigme pourrait ainsi transformer la relation entre marques, réparateurs et usagers.
Lutte contre les réparations illégales
Le marché compte encore de nombreux acteurs non agréés, surnommés les « pirates de la batterie ». Ces ateliers remplacent cellules et circuits avec des composants non originaux, supprimant ainsi toute homologation de type. Selon la nouvelle réglementation, une entreprise qui modifie la structure interne d’une batterie devient juridiquement un nouveau fabricant.
Elle sera soumis à des coûts de certification allant de 30 000 à 50 000 euros par modèle. Un modèle économique intenable pour la plupart. Cette clarification mettra fin à ces pratiques à risque, qui exposaient les utilisateurs à des problèmes de sécurité et les marques à des responsabilités légales.
Une industrie en pleine mutation
Le marché européen du vélo électrique reste un pilier central pour NOWOS, représentant plus de la moitié de son chiffre d’affaires. L’entreprise poursuit une expansion rapide avec des sites déjà établis aux Pays-Bas, en France et au Royaume-Uni. En plus, une nouvelle implantation prévue en Pologne pour la réparation des batteries destinées aux services de mobilité partagée. À terme, l’entreprise vise treize nouvelles implantations en Europe lors des cinq prochaines années, chacune spécialisée selon le type de batteries localement traité.
Cette évolution s’observe aussi sur le plan humain. La filière se diversifie et attire de nouveaux profils, notamment féminins. Un sujet que nous évoquons plus en détail dans Les femmes dans le cyclisme 2025 : parité et plan d’action, où l’on analyse comment la recherche d’égalité influence l’avenir du vélo en Europe.