Les vélos électriques chinois envahissent le marché européen. Un succès éclatant, mais des pratiques douteuses inquiètent l’industrie.
L’article en bref :
- La Chine domine le marché européen des vélos électriques avec des prix bas et des volumes d’importation records.
- Des vélos non conformes, comme ceux de Fiido, posent des risques sécuritaires et fragilisent la confiance dans l’industrie.
- L’Europe prépare des mesures commerciales et des certifications pour contrer ces pratiques et protéger son marché.
Un raz-de-marée de vélos électriques chinois : chiffres impressionnants, inquiétudes grandissantes
Les importations de vélos électriques chinois ont explosé en 2024. De janvier à septembre, leur part de marché a bondi de 16 % à 25 %. Les volumes parlent d’eux-mêmes : 21 075 unités importées au premier trimestre, 46 343 au second, et 61 993 au troisième. La Chine, autrefois reléguée derrière Taïwan et le Vietnam, est devenue le premier fournisseur européen.
Ce succès s’explique en partie par des prix FOB ultra compétitifs, désormais tombés à 306 €. Une chute drastique comparée aux 414 € en 2023 et aux 472 € en 2022. Mais ce triomphe n’est pas sans controverse : le marché est saturé de modèles non conformes, équipés de fonctionnalités illégales comme des accélérateurs ou des moteurs modifiables. Résultat, certains pays comme les Pays-Bas envisagent des restrictions drastiques sur tous les vélos électriques.
Modifications illégales : le talon d’Achille des vélos électriques Fiido
Certains fabricants alimentent involontairement (ou pas) la polémique. Exemple criant : la marque chinoise Fiido, pointée du doigt par Ernst Brust, expert en tests de vélos. Leur design facilite des modifications permettant d’augmenter la vitesse de 25 km/h à 50 km/h. Une pratique qui met en danger les conducteurs et mine la confiance envers les fabricants.
Les conséquences sont lourdes : risques d’accidents, refus de prise en charge par les assurances, et défaillance de composants comme les freins ou les cadres. Malgré ces dangers, certains modèles non conformes continuent d’inonder les routes européennes. La pression monte pour des actions légales plus sévères.
Une réponse industrielle et politique en gestation
Face à cette situation alarmante, des mesures s’organisent. La Commission européenne prépare une révision des droits antidumping et antisubventions en janvier 2025. L’objectif : contrer les pratiques déloyales et protéger l’industrie européenne. Parallèlement, les Pays-Bas travaillent sur une certification qualité pour freiner les importations de vélos non conformes.
Mais cela ne suffira pas. Les experts appellent à des inspections renforcées pour détecter ces produits illégaux avant qu’ils n’atteignent les consommateurs. Marcel Reekers, secrétaire général de l’EBMA, insiste : “Les mesures techniques et commerciales doivent fonctionner main dans la main.” Une bataille déterminante pour l’avenir des vélos électriques en Europe.