Shimano en crise : ses bénéfices s’effondrent de 27 % malgré la hausse des ventes

Shimano Inc. affiche des résultats mitigés pour les neuf premiers mois de 2025 : si le géant japonais enregistre une légère croissance de ses ventes, ses bénéfices d’exploitation s’effondrent de 27 %, fragilisés par des inventaires élevés en Europe et en Chine, et par des pertes de change massives.

Des ventes en progression, une rentabilité sous pression

Pour Shimano, l’année 2025 ressemble à une course d’endurance. Entre janvier et septembre, la division composants vélo – le cœur de métier de l’entreprise – a généré 266,243 milliards de yens, soit environ 1,5 milliard d’euros. Une progression de 5 % qui semblerait encourageante, si elle ne s’accompagnait d’un effondrement du résultat d’exploitation.

Ce dernier a chuté de 27 % pour atteindre 30,161 milliards de yens. La raison ? Des marges affaiblies par une gestion d’inventaires complexe et des pertes de change vertigineuses. Shimano le reconnaît : l’impact des fluctuations monétaires a presque doublé par rapport à l’année précédente, atteignant 104 millions d’euros.

Comment un leader mondial du secteur peut-il voir ses bénéfices fondre aussi rapidement ? La réponse se trouve dans les entrepôts de ses distributeurs, où s’accumulent des vélos invendus. Cette situation touche d’ailleurs l’ensemble du marché, y compris les meilleurs vélos électriques pas chers de 2025 qui peinent à écouler leurs stocks.

Europe et Chine : le casse-tête des stocks persistants

L’Europe reste un marché stratégique pour Shimano, mais les inventaires y demeurent « élevés », selon le rapport financier de la firme japonaise. Certes, les conditions météorologiques stables ont soutenu les ventes au détail de vélos complets, mais pas suffisamment pour absorber les stocks accumulés au cours des trimestres précédents.

En Chine, la situation est encore plus préoccupante. Les ventes au détail de vélos sportifs stagnent, et les entrepôts débordent. Le marché chinois, autrefois perçu comme un eldorado pour l’industrie cycliste, peine à retrouver son dynamisme d’antan.

Au Japon, le marché domestique de Shimano subit une pression différente : l’envolée des prix des vélos complets a provoqué un effondrement des ventes au détail. Paradoxalement, les niveaux d’inventaires restent « appropriés », signe que les distributeurs locaux ont anticipé le ralentissement.

Du côté de l’Amérique du Nord, le tableau est tout aussi contrasté. Les ventes au détail demeurent faibles en raison d’un climat économique incertain, mais les inventaires sont maîtrisés. Une bonne nouvelle dans un contexte globalement morose.

Les gammes VTT premium sauvent la mise

Face à ces turbulences, Shimano peut compter sur ses composants haut de gamme pour VTT. Les séries XTR, Deore XT et Deore continuent de séduire les vététistes exigeants, affichant des performances solides sur le segment premium. D’ailleurs, le Van Rysel E-GRVL AF Discover possède une transmission Shimano qui témoigne de la confiance accordée par les grands constructeurs au fabricant japonais.

Mais la vraie nouveauté, c’est le Q’Auto. Présenté en avant-première avant l’Eurobike 2025, ce système de changement de vitesse automatique et auto-alimenté marque un tournant stratégique pour Shimano. En investissant dans les technologies assistées par logiciel, le géant japonais montre qu’il ne compte pas se laisser distancer par la concurrence, notamment sur le terrain de l’électronique embarquée.

Le Q’Auto symbolise cette nouvelle ère où la mécanique traditionnelle s’efface progressivement devant l’intelligence artificielle et l’automatisation. Une révolution qui pourrait redéfinir l’expérience cycliste dans les années à venir.

Tensions géopolitiques et sanctions locales : une fin d’année compliquée

Shimano navigue aussi dans un contexte géopolitique instable. L’entreprise souligne que, malgré une économie mondiale globalement solide, les perspectives restent prudentes. Les changements dans les politiques commerciales internationales et les risques géopolitiques liés aux conflits prolongés pèsent sur l’activité.

Comme si cela ne suffisait pas, Shimano a été sanctionné en septembre 2025 par la Commission japonaise du commerce équitable. L’infraction ? Ne pas avoir rémunéré correctement ses 121 sous-traitants locaux pour le stockage de matériaux et d’équipements. En tout, 4 313 moules et autres outils appartenant à Shimano étaient entreposés chez ces partenaires, sans compensation financière appropriée.

L’entreprise a dû verser des arriérés à tous les sous-traitants concernés. Bien que Shimano qualifie ce montant de « relativement modeste », l’incident ternit son image sur son marché domestique et soulève des questions sur ses pratiques contractuelles. Cette situation contraste avec les initiatives commerciales actuelles du secteur, comme la promo sur le VAE de ville Bicyklet Beatrice qui cherche à dynamiser les ventes.

Un avenir sous tension, mais des perspectives maintenues

Malgré ces obstacles, Shimano maintient ses prévisions pour l’ensemble de l’année 2025 : une hausse de 2 % du chiffre d’affaires, une baisse de 29 % du résultat d’exploitation et une chute spectaculaire de 60 % du résultat net par rapport à 2024.

Ces chiffres traduisent une réalité amère : le marché mondial du vélo traverse une phase de correction majeure après l’euphorie pandémique. Les fabricants doivent désormais composer avec des consommateurs plus prudents, des stocks pléthoriques et une concurrence féroce.

Pour Shimano, l’enjeu est clair : innover pour se différencier, optimiser ses marges et retrouver une dynamique positive. Le Q’Auto et les gammes VTT premium constituent des atouts solides, mais suffiront-ils à inverser la tendance ? L’année 2026 sera déterminante pour le géant japonais, qui devra prouver sa capacité à s’adapter à un marché en pleine mutation.