Le monde du vélo est en pleine mutation. Un nouveau rapport de McKinsey & Company et de la WFSGI (World Federation of the Sporting Goods Industry) met en lumière les tensions croissantes entre durabilité, inflation et géopolitique. Les priorités des industriels changent parfois au détriment de l’impact environnemental.

L’essentiel de l’article :
- L’industrie du vélo subit l’impact des tensions internationales, de l’inflation et de chaînes d’approvisionnement fragiles.
- Les priorités environnementales passent au second plan face aux urgences économiques et opérationnelles.
- Les marques agiles et premium tirent leur épingle du jeu, tandis que le vélo électrique reste fortement dépendant de l’Asie.
L’analyse McKinsey/WFSGI secoue le monde du vélo
Inflation, prudence des consommateurs et fin d’un cycle
La dépense pour le vélo chute. Le rapport montre que les consommateurs deviennent plus frileux. L’inflation et la fin des aides publiques ralentissent les ventes, notamment celles des VAE.
Certaines marques haut de gamme comme Colnago tirent leur épingle du jeu, mais les segments intermédiaires souffrent. L’accumulation des stocks devient un problème pour de nombreux distributeurs.
Chaînes logistiques sous tension, diversification obligatoire
84 % des dirigeants interrogés redoutent l’impact des tensions géopolitiques. Tarifs douaniers, instabilité politique, difficultés d’approvisionnement : les chaînes de valeur sont fragilisées.
Pour résister, les entreprises doivent diversifier leurs fournisseurs et investir dans l’automatisation. Cela rappelle la situation de Bosch, en recherche de nouvelles marges de manœuvre face à la baisse de rentabilité.
La durabilité, grande perdante des arbitrages industriels
ESG en recul : une priorité à géométrie variable
Seulement 50 % des dirigeants considèrent encore la durabilité comme prioritaire pour 2025, contre 66 % en 2023. 44 % reconnaissent son importance, mais décalent leur engagement. Le court terme prime : marges, stocks, financement.
La logique financière prend le dessus. Les projets environnementaux sont gelés ou retardés.
Le consommateur, pas toujours au rendez-vous
McKinsey note qu’un tiers des acheteurs de produits sportifs, dont le vélo, intègre la durabilité dans ses choix. Un chiffre stable, mais bas. L’effort environnemental n’est pas encore un critère d’achat dominant.
Les marques doivent faire preuve de transparence pour éviter le greenwashing. La sensibilité progresse, mais lentement.
Vers une recomposition du marché vélo pour 2025
Marques challengers vs historiques : un rapport de force qui s’inverse
Les marques agiles prennent l’avantage. Vente directe, digital, niches haut de gamme : leur croissance dépasse celle des acteurs historiques.
Colnago incarne cette stratégie : recentrage sur le très haut de gamme, services exclusifs, digitalisation de la vente. Leurs clients sont prêts à investir, même en ligne.
Le vélo électrique face aux tensions géopolitiques
Le VAE est en première ligne. Batteries, moteurs, composants : tout ou presque vient d’Asie. La moindre crise logistique peut tout bloquer.
Les délais explosent, les coûts aussi. Et avec eux, la difficulté de maintenir des produits à la fois abordables et écologiques. La durabilité devient secondaire face aux urgences opérationnelles.
Et maintenant, quel futur pour l’industrie du vélo ?
Le rapport McKinsey dresse un constat lucide : le secteur doit arbitrer entre rentabilité, résilience et durabilité. Et ces choix ne sont pas neutres.
Face aux incertitudes, la diversification et la flexibilité deviennent vitales. Mais faut-il pour autant abandonner les ambitions environnementales ?
Et vous, pensez-vous que l’industrie du vélo peut encore tenir ses engagements environnementaux malgré les crises ?