Entre la bonne affaire et l’arnaque totale, la frontière est fine. On voit un VAE « neuf » à prix cassé, on hésite… puis on clique. Et parfois, c’est le début des ennuis. Aujourd’hui, on remet de l’ordre dans tout ça : chiffres, méthodes des fraudeurs, et surtout comment acheter en règle sans se faire piéger.

L’essentiel de l’article :
- 70 000 VAE saisis en mars 2025 : manque à gagner fiscal ≈ 6 M€.
- Modus operandi : sociétés écrans, faux documents, stocks éclatés, revente sur plateformes.
- Risques pour l’acheteur : pas de garantie, non‑conformité, batterie douteuse, saisie possible.
- Comment s’en sortir : réflexes d’achat, preuves de conformité, aides publiques pour un VAE en règle.
Fraude aux vélos électriques : ce que révèle l’enquête
« Affaire sans précédent » : les douanes françaises (DNRED) ont démantelé un réseau impliquant plus de 70 000 vélos électriques stockés dans six entrepôts et destinés à la revente en ligne. Les droits et taxes éludés atteignent environ 6 M€.
Chiffres clés 2024‑2025
Les saisies interviennent en mars 2025, dans la continuité d’opérations engagées à l’automne 2024. Les enquêteurs décrivent un schéma transfrontalier visant à contourner les droits anti‑dumping, avec des marchandises d’origine asiatique déclarées sous de faux codes ou via des sociétés intermédiaires.
La dimension est européenne : coopération des douanes, travail avec l’OLAF, et recoupements issus d’outils de data‑analyse proches d’« opérations Calypso », qui estiment les dommages à plusieurs centaines de millions d’euros à l’échelle de l’UE.
Comment opèrent les réseaux ?
Le procédé est classique et efficace. Les lots entrent par des ports européens à partir de sociétés écrans, appuyées par des documents falsifiés. Une fois le contrôle franchi, les vélos sont dispersés de dépôt en dépôt, ce qui dilue la traçabilité et complique toute remontée de filière.
À la revente, l’offre se fond dans la masse des plateformes : prix agressifs, fiches produits floues et service après‑vente insaisissable. Au bout de la chaîne, des acheteurs séduits par la « super affaire »… et laissés sans recours en cas de problème.
Comment reconnaître un VAE issu de fraude ? Les signaux concrets
Le prix donne souvent le ton : un écart de 30 % à 60 % par rapport aux offres de détaillants connus, sans justification technique ou commerciale, doit alerter. Les papiers parlent aussi : l’absence de facture avec TVA et coordonnées complètes, pas de numéro SIREN/EORI clair, ou une « garantie » évoquée sans conditions écrites, signalent un vendeur peu fiable. Côté conformité, l’absence d’étiquette CE, de mention de la norme EN 15194 (EPAC), ou un numéro de série illisible sont des indices forts.
La batterie mérite une attention particulière. Un pack sans référence précise, sans preuve de test UN 38.3, associé à un chargeur au marquage douteux, expose à des risques de chauffe, d’incendie, voire d’incompatibilités électriques.
Acheter en ligne sans se faire piéger : la méthode
Avant de valider un panier, comparez le prix avec plusieurs revendeurs européens reconnus ; un modèle sérieux se retrouve toujours ailleurs, à un tarif cohérent.
- Exigez une facture avec TVA et l’identité complète du vendeur, puis demandez des preuves de conformité : photo de l’étiquette CE, déclaration UE au titre de l’EN 15194, références de la batterie et attestation UN 38.3.
- Vérifiez enfin le service : une adresse physique, un numéro joignable et une politique de garantie écrite font toute la différence.
- Et côté paiement, préférez les solutions traçables plutôt que les virements obscurs vers des « partenaires » étrangers.
Fraude aux vélos électriques : quels risques pour vous ?
Sécurité et conformité
Un VAE hors‑circuit peut embarquer une batterie de mauvaise qualité : chauffe anormale, autonomie irrégulière et risque de défaillance, avec à la clé un danger d’incendie. Sur la route, un modèle non certifié peut se retrouver hors la loi : assistance au‑delà de 25 km/h, puissance débridée ou équipements de sécurité incomplets. En cas de contrôle, c’est l’usager qui assume.
Finances et juridique
Sans facture ni garantie, le recours est quasi nul en cas de panne. Si le vélo est saisi pour importation illégale, l’acheteur perd à la fois l’objet et l’argent. En cas d’accident, un assureur peut refuser l’indemnisation si la non‑conformité est établie. Acheter sciemment un produit sous‑fiscalisé peut aussi être interprété comme une participation à une fraude financière.
Acheter en règle et faire baisser le risque (et le prix)
Où acheter ?
Le plus sûr reste de passer par le réseau de détaillants français ou européens, ou par des marketplaces où le vendeur est clairement identifié et vérifié. Privilégiez des marques transparentes : documentation téléchargeable, service client joignable, disponibilité des pièces détachées. Un vendeur qui accepte les questions techniques et fournit des documents au premier contact est rarement un mauvais choix.
Papiers à exiger systématiquement
Demandez une facture nominative avec TVA et coordonnées complètes. Exigez la déclaration UE de conformité (EN 15194) et la présence d’un numéro de série gravé ou étiqueté de manière durable. Pour la batterie, demandez la référence des cellules, la preuve de test UN 38.3 et un chargeur correctement marqué CE.
Astuce budget : les aides publiques
Avant de céder à une « super affaire », vérifiez d’abord les aides officielles. En Île‑de‑France, l’aide à l’achat peut atteindre jusqu’à 1 200 € selon le profil et le type de VAE. Le fonctionnement et les conditions sont détaillés dans notre guide : aide à l’achat de vélo en Île‑de‑France. Mieux vaut un VAE conforme et subventionné qu’un prix cassé aux origines floues.
Rester conforme en 2025
Les règles évoluent régulièrement : puissance, débridage, équipements obligatoires… Pour un tour d’horizon clair et à jour, consultez réglementation VAE 2025 : êtes‑vous sûr que votre vélo est conforme ?. Ce rappel des bases évite les mauvaises surprises au moment du contrôle, de l’assurance ou de la revente.
Et côté plateformes : que font‑elles ?
Les plateformes affirment renforcer la vérification des vendeurs, retirer des annonces litigieuses et coopérer avec les autorités. Dans les faits, le volume d’offres et la vitesse d’apparition‑disparition compliquent la tâche : les bonnes pratiques d’achat restent donc la première ligne de défense. Plus nous posons de questions et exigeons des documents, moins les filières douteuses trouvent preneur.
Fraude aux vélos électriques, on s’équipe d’abord… on achète ensuite
La fraude aux vélos électriques prospère sur l’urgence et la confusion. En connaissant les chiffres, les méthodes et les signaux d’alerte, on réduit drastiquement le risque pour soi… et pour le marché. Grâce aux aides officielles et aux bons réflexes, on peut s’offrir un VAE performant, conforme et garanti sans alimenter un circuit gris.
