L’industrie du vélo est en pleine transformation digitale. Alors que le secteur automobile a déjà largement intégré les technologies de gestion des données, le monde du cyclisme peine encore à s’aligner. C’est dans ce contexte que plusieurs startups ambitieuses tentent d’apporter des solutions innovantes pour moderniser la chaîne de valeur.

L’essentiel de l’article :
- Le secteur du vélo accuse un retard dans la digitalisation par rapport à l’automobile.
- Des startups développent des outils pour améliorer la gestion des données et lutter contre le vol.
- Le Bicycle Identification Number (BIN) veut assurer un suivi précis des vélos via la blockchain.
- L’innovation numérique pourrait transformer durablement l’industrie du vélo.
Une industrie en retard sur la digitalisation
« Les données sont la pièce manquante du puzzle, et il y a un besoin fondamental de standardisation dans l’industrie du vélo », déclarait Bartek Czerwinski lors d’un webinaire organisé par Cycling Industries Europe (CIE). Si les véhicules motorisés bénéficient d’un suivi précis via des numéros d’identification et des systèmes de gestion automatisée, le marché du vélo reste encore très fragmenté.
Face à ce constat, de nouveaux acteurs comme Bike Matrix, Noca ou encore Bikefolder développent des outils pour uniformiser les flux d’informations et optimiser la gestion des vélos tout au long de leur cycle de vie.
Une identification unique pour les vélos
L’un des projets les plus ambitieux est le Bicycle Identification Number (BIN), initié par l’entrepreneur polonais Daniel Kurpisz. Inspiré du système VIN automobile, le BIN propose un numéro d’identification unique enregistré sur une blockchain. L’objectif ? Assurer un suivi fiable des vélos, depuis leur fabrication jusqu’à leur recyclage, en passant par la revente et la maintenance.
« Ce système répond à des problèmes majeurs : processus de production fragmentés, gestion inefficace du cycle de vie et augmentation du vol de vélos », explique Bartek Czerwinski. Le BIN permettrait également d’améliorer la transparence de la chaîne d’approvisionnement et de renforcer la confiance des consommateurs.
L’automatisation au service de la production
Anna Buchman, PDG de la startup allemande Noca, propose une solution différente mais complémentaire. Son portail digital permet aux fabricants, distributeurs et assembleurs de centraliser et harmoniser leurs données techniques.
« Nos outils réduisent de 50 % le temps et les coûts de gestion des données, tout en garantissant une meilleure qualité des informations », affirme-t-elle. En facilitant la communication entre les différents maillons de la chaîne de production, Noca ambitionne d’accélérer le développement de nouveaux modèles et de réduire les erreurs de fabrication.
Une réponse efficace au vol de vélos
Le défi du vol de vélos, aggravé par la popularisation des VAE, est une autre priorité. En Europe, les assureurs déplorent une augmentation des indemnisations, notamment pour les vélos à assistance électrique, souvent revendus illégalement sur le marché noir.
La startup danoise Bikekey a mis en place un registre numérique qui permet de tracer et identifier les vélos volés. « Avec plus de 20 000 enregistrements au Danemark, nous avons aidé les assurances à réduire leurs indemnisations de 50 % », précise René Nørgård, son fondateur. L’entreprise vise une expansion en Suède et en Norvège.
Une révolution en marche
L’initiative de ces startups illustre la transition numérique de l’industrie du vélo. « L’innovation est à un point de bascule, et nous allons voir une multiplication des solutions intelligentes », prédit Czerwinski. Pour les experts du secteur, la création d’un écosystème connecté où les données circulent fluidement est une étape inéluctable.
Avec l’essor des VAE et des solutions de mobilité urbaine, les enjeux de digitalisation sont plus que jamais stratégiques. Les prochaines années seront déterminantes pour l’intégration de ces technologies et la modernisation du marché du vélo.